Entreprise à céder pour cause de retraite : opportunité ou risque ?
D’après une étude de BPCE Observatoire, qui analyse l’environnement de la transmission-cession des entreprises, ce sont environ 75 000 entreprises qui sont à céder chaque année en France. Une entreprise à céder pour cause de retraite est souvent considérée comme l’option idéale, mais il s’avère que c’est de moins en moins vrai.
D’ailleurs, d’après l’étude de la CCI Paris Île-de-France « Panorama 2017 de la cession-reprise d’entreprise en Île-de-France », une entreprise sur trois a à sa tête un dirigeant de 55 ans ou plus, impliquant une problématique de transmission dans les 10 ans à venir. Potentiellement, ce sont donc 278 900 entreprises de moins de 50 salariés (en Ile de France uniquement) qui sont ou vont être concernées à court ou moyen terme par la problématique du changement de dirigeant. Autant d’entreprises à céder pour cause de retraite !
Sommaire rapide :
- L’entreprise à céder pour cause de retraite : opportunité ou risque ?
- Idée reçue n°1 : une vague de cessions d’entreprises va bientôt déferler à la suite du départ à la retraite de nombreux dirigeants.
- Idée reçue n°2 : une entreprise à céder pour cause de retraite revient moins cher.
- Près d’une entreprise à céder pour cause de retraite sur deux ne trouvera pas preneur.
- L’entreprise à céder pour cause de retraite : une belle endormie ?
- Récapitulatif des points clés pour bien reprendre une entreprise à céder pour cause de retraite.
- Où trouver une entreprise à céder pour cause de retraite ?
Entreprise à céder pour cause de retraite : opportunité ou risque ?
Reprendre une entreprise à céder pour cause de retraite est souvent considéré par les repreneurs par une opportunité plus intéressante que d’autres ; parfois à raison, mais souvent à tort. Le marché de la transmission d’entreprises n’est plus comme il était, et la cession de son affaire au moment de partir à la retraite est pour beaucoup de cédants une manière de profiter d’une retraite dorée.
Nous allons analyser les avantages et inconvénients d’une entreprise à céder pour cause de retraite, afin que vous disposiez d’un maximum d’éléments le jour de prendre votre décision. Car reprendre une entreprise à céder pour cause de retraite n’est pas aussi « facile et évident » que cela peut paraître.
Nous allons d’ailleurs commencer par attaquer les idées reçues concernant le créneau de l’entreprise à céder pour cause de retraite :
Seul 17% des chefs d’entreprise de plus de 60 ans sont vraiment préparés pour céder leur affaire. Beaucoup de TPE meurent de « cause naturelle », car leur dirigeant a simplement laissé son affaire se réduire puis s’éteindre, laissant les salariés partir au fur et à mesure, car ils n’ont « pas besoin de plus pour vivre». Parmi les cessations après 60 ans, 75% sont des morts naturelles.
En effet trouver une entreprise à céder pour cause de retraite n’est pas si évident, car beaucoup de dirigeants de TPE sont effrayés par la complexité de l’opération, par le coût des conseils, ou simplement par la faible valeur de leur entreprise sur le marché.
En considérant une base de 75 000 entreprises à vendre chaque année, plus de 80% des opérations de cessions de TPE interviennent avant 60 ans d’une part, et le taux de cession baisse après 65 ans d’autre part.
Le nombre d’entreprises à céder pour cause de retraite ne représente donc aujourd’hui que 20% du marché, pourtant cette « vague » de départ à la retraite est attendue depuis quelques années !
En effet, la période du baby-boom s’étale en France de 1945 à 1965 ; or, en considérant un âge de la retraite à 60 ans (avant 2017), cela signifie que les baby-boomers ont commencé à arriver à l’âge de la retraite en 2005 !
Autre aspect à considérer, beaucoup d’entreprises créées par ces entrepreneurs issus du « baby-boom » sont des entreprises :
- individuelles : ce qui signifie qu’ils n’ont pas réellement une « entreprise » à céder mais plutôt une clientèle, pour peu que l’intuitu personae ne soit pas trop important
- artisanales : avec des métiers qui n’attirent plus où pour lesquels l’évolution des technologies (ou du marché) ont fait que leur transmission est quasi impossible.
Enfin certains n’imaginent juste pas pouvoir céder leur affaire et préfèrent simplement fermer boutique.
Il ne faut donc pas trop compter sur cette « vague » pour trouver une entreprise à céder pour cause de retraite. Le départ des dirigeants à la retraite a un impact limité sur les cessions d’entreprises.
Idée reçue n°2 : une entreprise à céder pour cause de retraite revient moins cher
Ce n’est pas faux en soit, mais considérer qu’une entreprise à céder pour cause de retraite revient moins cher est de moins en moins vrai.
Plusieurs raisons expliquant qu’une entreprise à céder pour cause de retraite ne revient pas moins cher :
- Les dirigeants d’entreprises, comme tous, vivent de plus en plus vieux. La cession de leur entreprise représente souvent un « golden parachute » compensant une retraite souvent mal préparée d’un point de vue financier. Certains comptent donc beaucoup dessus car ils savent que leur retraite sera vraiment faible.
- Il y a l’effet « bulle » ou, pour certains, l’effet « Stephane Plazza » : dans l’émission du fameux agent immobilier, un certain nombre de personnes indiquent, lorsque celui-ci leur dit que le prix de mise en vente de leur maison est bien trop élevé, qu’ils ont déterminé le prix non pas en fonction du marché, mais parce qu’ils ont besoin de cet argent pour s’offrir la maison de leurs rêves ! Le prix demandé est totalement dé-corrélé avec la réalité du marché. Pour cette raison, ou simplement parce qu’ils entendent ces histoires de sociétés qui se vendent à des prix fous, certains surévaluent beaucoup trop la valeur de leur entreprise, rendant moins intéressant la reprise d’une entreprise à céder pour cause de retraite.
- Certains dirigeants se sentant proches de la retraite « lèvent le pied », diminuant les investissements, la recherche de nouvelles opportunités, etc. Si l’activité n’en pâtit pas forcément, les perspectives d’avenir peuvent être sérieusement altérées. Ainsi il faudra pour certains cas prévoir une enveloppe significative pour « relancer la machine ». Ce point sera détaillé ci-dessous dans le paragraphe « L’entreprise à céder pour cause de retraite : une belle endormie ? ».
Si certains entrepreneurs proches de la retraite vont favoriser la transmission de leur « enfant » à une personne qui saura reprendre la suite dans un état d’esprit qui leur est cher, rare sont ceux qui sont prêt à le faire au détriment du prix de vente !
Près d’une entreprise à céder pour cause de retraite sur deux ne trouvera pas preneur
Si près d’une entreprise à céder pour cause de retraite sur 2 ne trouvera pas preneur, c’est d’abord du fait du cédant… qui n’en est finalement pas vraiment un.
N’oublions pas que beaucoup de chef d’entreprise sont très attachés à ce qui a été leur vie, et ne recherchent pas qu’un repreneur, mais presque un fils(fille) spirituel(le), un alter-ego.
Il y aurait un rapport de 1 à 5 entre intentions fermes et à court terme de cessions après 60 ans et réalité de ces opérations pour les TPE : beaucoup « voudraient » transmettre leur entreprise en théorie, ils commencent les démarches, mais ne vont jamais au bout, car ils ne sont pas réellement vendeurs… soit parce qu’ils trouvent que les candidats ne sont pas à la hauteur, soit parce qu’ils ont du mal à envisager de « lâcher le volant », ou simplement parce que la valeur annoncée de leur entreprise ne leur convient pas.
Seuls 37% des entrepreneurs individuels trouveront repreneurs !
L’entreprise à céder pour cause de retraite : une belle endormie ?
Envies de prendre plus de temps pour soit, activité qui tourne toute seule, besoin de ralentir le rythme, raisons médicales, … quelle qu’en soit la raison, beaucoup de chefs d’entreprises lèvent le pied quelques années avant l’âge de la retraite.
Plusieurs cas de figure se présentent, certains constituant de réelles opportunités pour les repreneurs, d’autres des points auxquels il faut faire très attention. Car l’entreprise à céder pour cause de retraite peut être une belle endormie … ou un cadeau empoisonné.
Cas n°1 : le dirigeant proche de la retraite a décidé de lever le pied, car l’activité tourne toute seule, et il ne ressent pas le besoin de développer commercialement, de chercher de nouveaux débouchés, etc.
Ici il peut s’agir d’une aubaine : si l’entreprise tourne déjà bien en l’état, avec une approche plus dynamique vous pourrez la faire décoller de plus belle !
Attention néanmoins au grand classique des annonces : « belle opportunité, gros potentiel de développement, le dirigeant actuel n’ayant jamais fait de développement commercial » :
- Peut-être que le gérant actuel n’a jamais eu le temps – donc vous non plus vous ne l’aurez pas, sauf à embaucher quelqu’un.
- Ce n’est pas une raison d’augmenter la valeur de cession de l’entreprise : c’est vous qui allez bosser pour obtenir ce potentiel.
Cas N°2 : le futur retraité à laisser évoluer son activité tranquillement, mais a cessé d’investir. Là, il peut y avoir un point d’achoppement important quant à l’intérêt de reprendre une entreprise à céder pour cause de retraite.
En effet, cela signifie non seulement que vous allez avoir pas mal de retard à rattraper (par rapport à des concurrents qui eux auront continué à investir), mais aussi qu’il vous faudra prévoir une enveloppe supplémentaire et beaucoup d’huile de coude pour combler l’écart.
Cas N° 3 : le chef d’entreprise a complètement « lâché l’affaire », cas assez symptomatique du cédant qui a vu plusieurs repreneurs potentiels se positionner, mais qui n’a jamais vu un dossier aller au bout. Certains relâchent la pression dès qu’ils ont une personne intéressée, sentant la retraite proche, mais lorsque le dossier tombe à l’eau, ils ont du mal à se remettre au travail. Ils retardent les investissements, car après tout, ils ont déjà dû baisser le prix de vente, ils ne vont pas non plus investir pour le repreneur… et un nouveau dossier de reprise tombe à l’eau, même schéma.
Arrive le moment où l’entreprise est en difficulté, et le cédant n’attend qu’une chose, c’est de quitter le navire !
Certes cela peut permettre de racheter le fonds de commerce ou les parts à moindre prix, mais vous risquez de trouver pas mal de cadavres dans les placards.
Cas N°4 : le cédant continue à gérer de bout en bout son affaire jusqu’à la cession, sans faillir, toujours sur le pont. Il est prêt à céder, mais aussi prêt à continuer si le deal ne se fait pas.
Dans ce cas pas de surprises en général, l’entreprise à céder pour cause de retraite présente l’avantage d’être « prête à l’emploi », mais ne réserve à priori pas d’axes d’évolution faciles à identifier.
Récapitulatif des points clés pour bien reprendre une entreprise à céder pour cause de retraite.
Ainsi, si vous décidez de reprendre une entreprise à céder pour cause de retraite, pensez à considérer un certain nombre de points :
- Depuis combien de temps le cédant a-t-il mis en vente son entreprise dans l’objectif de prendre sa retraite ?
- Depuis ce moment, comment évolue le chiffre d’affaires ? Y-a-t-il de nouveaux clients significatifs ou a-t-il décidé d’attendre gentiment la cession ?
- Combien de repreneurs potentiel se sont présentés pour reprendre cette entreprise à céder pour cause de retraite ? Combien de dossiers n’ont pas abouti ? Peut-être avaient-ils de bonnes raisons …
- Le niveau d’investissement (communication, recherches, etc) a-t-il été maintenu ?
- Les salariés historiques sont-ils restés dans l’entreprise ? N’y a-t-il pas eu de défections de salariés sentant qu’il était temps de quitter le navire … ?
- Y-a-t-il au contraire de belles opportunités inexploitées par le cédant, qui permettrait de rentabiliser rapidement votre investissement ?
- Etc…
Où trouver une entreprise à céder pour cause de retraite ?
S’il n’y a pas de site internet spécialisé sur le créneau de l’entreprise à céder pour cause de retraite, vous serez plus à même de rencontrer ce type d’affaires sur certains sites tels que :
- Le site du CRA : le Club des Cédants et Repreneurs d’Affaires. Le CRA regroupe plus de 200 bénévoles, anciens chefs d’entreprises, qui accompagnent les cédants et repreneurs d’entreprises à travers les 72 délégations régionales.
- Le site des CCI – CMA, alias Transentreprise : c’est le « réseau de la transmission/reprise d’entreprises des Chambres de Commerce et d’Industrie et des Chambres de Métiers et de l’Artisanat ».
- Le site de PME à Vendre ! : site d’annonces spécialisé sur la cession d’entreprises et fonds de commerce, il propose un filtre permettant d’identifier les affaires à céder pour cause de départ à la retraite.
Ils ne sont pas les seuls à proposer des offres sur le créneau de l’entreprise à céder pour cause de retraite. Mais leur proportion est plus importante, du fait de leur fonctionnement, de leurs réseaux et de leur présence historique.
Spécialistes de la cession d’entreprise, nous accompagnons et conseillons les chef(fe)s d’entreprise dans leurs projets de cession ou d’acquisition.