Reprendre une entreprise en franchise : les spécificités
Trouver la cible idéale pour reprendre une affaire dans laquelle on va investir une bonne partie de son argent et de son argent relève bien souvent du casse-tête. La donne est tout autant complexe en franchise, puisqu’il faut aussi composer avec le franchiseur.
Chaque année en France, plus de 185 000 entreprises cherchent un repreneur et seules 75 000 sont effectivement cédées à un nouveau dirigeant, soit à peine 40 %. Ce qui peut être considéré comme un avantage pour le repreneur. Sauf que cela n’est pas aussi facile (voir les articles sur le sujet, dont notamment Les 5 erreurs qui peuvent faire échouer le rachat d’une entreprise).
Parce que la franchise obéit à un contrat ayant une échéance déterminée – généralement fixée entre cinq et dix ans –, que les franchisés et les enseignes ne reconduisent pas toujours, les cessions d’entreprises franchisées sont nombreuses. Au cours des deux dernières années, près de la moitié des réseaux ont ainsi vu un ou plusieurs de leurs franchisés céder leur société, selon l’enquête annuelle de la franchise. Reprendre une affaire en franchise peut être une solution plus facile en apparence, mais attention : elle présente aussi des aspérités à connaitre.
Nos conseils :
- S’assurer du sérieux du franchiseur;
- Rencontrer le franchiseur;
- Étudier le dossier de la même manière que toute autre affaire.
Point n°1 pour reprendre une affaire en franchise : s’assurer du sérieux du franchiseur
Contrairement à ceux qui créent leur entreprise de zéro, la franchise apporte un cadre qui peut faciliter la réussite (ou précipiter la chute). La plupart des franchises seront « sérieuses », mais certaines ne compte que sur la crédulité d’entrepreneurs impatients de se lancer dans l’aventure, sans effectuer les vérifications d’usage.
Or si le cédant vend son affaire, il faut s’assurer justement qu’il ne s’agisse pas (et cela il ne vous le dira jamais) lié à des problèmes avec son franchiseur.
Afin de vous s’en assurer, la première étape est de se renseigner sur la franchise elle-même :
- Depuis combien de temps existe-t-elle ?
- Combien de succursales a-t-elle (boutiques qui leur appartiennent) ?
- Combien de franchisés a-t-elle ?
- etc.
Bien évidemment il faudra contacter, voire rencontrer, certains de ces franchisés. Et surtout ne pas vous contenter de contacter ceux que vous aura désigné le franchiseur, ce qu’ils ne manquent pas de proposer à ceux qui envisagent de reprendre une affaire en franchise… mais en choisissant des personnes qui sauront vous « vendre la franchise ».
Point n°2 pour reprendre une affaire en franchise : rencontrer le franchiseur
À la différence d’une cession d’entreprise classique, la transmission d’une entreprise franchisée est toujours une chorégraphie à trois qui implique le cédant, le repreneur et le franchiseur. Informer ce dernier de votre volonté de céder votre société constitue donc une étape incontournable, d’autant que lui aussi aura son mot à dire quant à votre successeur. En particulier si celui-ci souhaite à son tour devenir franchisé de l’enseigne. En effet, chaque contrat de franchise est « intuitu personae », ce qui signifie qu’il est conclu entre l’enseigne et la personne du franchisé. Le contrat ne peut être transmis à un tiers. Pour reprendre une affaire en franchise, si le repreneur souhaite poursuivre la même activité que le cédant franchisé, il doit obtenir l’accord du franchiseur et signer avec lui un nouveau contrat de franchise.
Par ailleurs, en ce qui concerne la cession du local, sachez que la majorité des contrats de franchise prévoit une clause de préférence qui peut accorder soit un droit de premier refus, soit un droit de préemption. Dans le premier cas, le franchisé cédant a l’obligation de négocier en priorité avec l’enseigne pour céder son entreprise. Ce n’est que si celle-ci refuse qu’il pourra ensuite sélectionner un tiers avec lequel il entamera les négociations en vue d’une transmission. Dans le cas du droit de préemption, le cédant peut sélectionner un repreneur mais a l’obligation de proposer la cession au franchiseur aux mêmes conditions que celles négociées avec le candidat à la reprise. Dans un cas comme dans l’autre, il s’agit d’un moyen pour l’enseigne de garder la main sur les emplacements clés des magasins de son réseau, certains s’échangeant à prix d’or dans le monde du commerce.
Point n°3 pour reprendre une affaire en franchise : étudier le dossier comme pour une entreprise classique !
En effet il va aussi vous falloir analyser le dossier comme pour n’importe quelle autre cible.
Pourquoi préciser cela ?
Parce que les franchisés / franchiseurs s’empresseront de vous transmettre des études, business plan (jamais ceux de l’affaire en question bien sûr, ce qui les engagerait) etc. de projets similaires, de vous donner des chiffres mirobolants (jamais par écrit) etc… Bref, ils vous éblouiront avec un marketing bien huilé et des success-story qui vous feront rêver.
Et c’est normal ! Chaque cédant devrait en faire autant … en tous cas voudrait bien. Après tout, s’ils sont bons pour vendre leur franchise, c’est un peu rassurant pour le business.
Reprendre une affaire en franchise , c’est d’abord et avant tout reprendre une entreprise !
Il vous faudra donc étudier le prix demandé pour l’affaire, sans vous contenter du classique « c’est basé sur le prix de vente d’autres boutiques de la franchise », qui vous sera confirmé par le franchiseur. Car c’est peut être un prix cohérent, mais :
- Si ce n’est pas le cas, ce n’est pas parce que d’autres ont payé trop cher que vous souhaitez en faire autant.
- Le franchiseur a lui-même tout intérêt à ce que les franchisés revendent à bon prix leurs affaires, car cela leur donne un argument supplémentaire pour prouver la qualité de leur réseau. « Regardez, après X années, nos franchisés revendent leur affaire à très bon prix »… quoi de mieux pour appâter de nouveaux franchisés ?
Quelques éléments pour vous aider à valoriser l’entreprise que vous envisagez de racheter dans notre article dédié (théoriquement) aux cédants : estimer la valeur d’une entreprise, d’un fonds de commerce.
Ainsi que tous les autres aspects, que vous retrouverez, pour l’essentiel, dans l’article Reprendre une entreprise : mode d’emploi.
Spécialistes de la cession d’entreprise, nous accompagnons et conseillons les chef(fe)s d’entreprise dans leurs projets de cession ou d’acquisition.