Dans le cadre de la vente d’une entreprise, le sujet de la trésorerie est souvent assez flou et parfois mal interprété ; en effet, la trésorerie de l’entreprise lui appartient, donc si l’on cède la société, le compte en banque part avec.
La question est donc plus de considérer en amont ce que l’on laisse avant la vente ou pas, et de mesurer les impacts de manière à faire le bon choix.
La trésorerie excédentaire dans le cadre de la vente d’une société :
- Définition dans le cadre d’une vente de société
- Exemple concret de gestion de la trésorerie excédentaire
- L’aspect fiscal : pourquoi sortir l’argent en dividendes n’est pas toujours intéressant
Définition de la trésorerie excédentaire dans le cadre de la vente d’une société
Techniquement la trésorerie excédentaire correspond au cash disponible de l’entreprise au-delà de son besoin en fonds de roulement d’exploitation.
Pour illustrer ce principe, prenons le cas d’une entreprise qui dispose ce jour de 200 000 euros de trésorerie. Comme vous le savez, les disponibilités à un instant T dépendent du paiement des clients, des fournisseurs, des charges sociales, des salaires… c’est donc très aléatoire.
Si les fluctuations du BFR amènent à constater que ce jour précis nous sommes au plus haut du cash disponible mais que du fait d’échéances très proches celui-ci va en moyenne diminuer de 50 000 euros, on peut considérer que la trésorerie excédentaire s’élève à environ 150 000 euros.
Dans la pratique le calcul du BFR est beaucoup plus compliqué qu’il n’y parait. En effet appliquer le calcul connu de tous sur les chiffres fournis par le bilan revient à généraliser sur 365 jours ce qui a été calculé … sur 1 seul jour ! Pas très pertinent…
Par ailleurs même avec un calcul précis, le montant sera souvent discutable.
C’est pour cela que très souvent les offres des candidats considèrent un niveau de trésorerie excédentaire différent alors qu’ils disposent d’informations strictement identiques.
Ainsi dans le cadre de la cession d’une entreprise, la trésorerie excédentaire doit être considérée comme un point significatif de la proposition.
Exemple concret du traitement de la trésorerie excédentaire
Voici un exemple mettant en avant l’importance de ce sujet, car le prix « à la signature » le plus haut n’est pas forcément le plus intéressant !
L’entreprise X dispose de 500 k€ de trésorerie.
Le candidat A propose un prix de 700 k€ à la signature, sous réserve de disposer de 400 k€ de trésorerie à date de signature.
Étant donné que l’entreprise X dispose de 500 k€ de trésorerie, il y a donc 500 – 400 = 100 k€ de trésorerie excédentaire (dans le cadre de la proposition de ce candidat).
Le candidat B propose lui un prix de 650 k€ à la signature, sous réserve de disposer de 300 k€ de trésorerie à date de signature.
Étant donné que l’entreprise X dispose de 500 k€ de trésorerie, il y a donc 500 – 300 = 200 k€ de trésorerie excédentaire (dans le cadre de la proposition de ce candidat).
Ainsi le candidat A propose un prix à la signature supérieur de 50 k€. Mais si l’on prend en compte la trésorerie excédentaire, en fait celle-ci est moins intéressante de 50 k€ !
En effet, cette trésorerie excédentaire se concrétise ainsi lors de la vente ; l’acquéreur peut proposer :
- de payer cette trésorerie « à l’euro l’euro ». Ainsi il ajoutera 100 k€ au prix de vente total
- que le(s) cédant(s) se verse(nt) des dividendes* à hauteur de 100 k€ avant la vente.
* dividendes et prélèvements forfaitaires
L’aspect fiscal : pourquoi sortir l’argent en dividendes n’est pas toujours intéressant
Un préjugé est assez répandu :
Si j’ai beaucoup de trésorerie, mieux vaut que je me verse des dividendes avant la vente, ainsi cela ferait baisser le prix de vente de l’entreprise et donc elle se vendra mieux. Et en plus pour moi cela ne change rien fiscalement.
Ceci peut s’avérer parfois vrai ; mais voici l’alternative la plus pertinente : juste considérer les chiffres concrets et optimiser les possibilités.
En effet il faut considérer 2 aspects :
- Certains acquéreurs préféreront acheter l’entreprise avec plus de cash. Autant ne pas se fermer de portes et laisser les deux options ouvertes.
- Si vous sortez des dividendes, vous aurez une fiscalité « à 100% ». Alors que si la trésorerie est vendue avec l’entreprise, vous pourrez bénéficier des abattements qui vous concernent, ce qui fait souvent (mais pas tout le temps non plus) une belle différence à la fin.
Un exemple simple mais parlant : l’entreprise est valorisée à 200 000 euros, et il y a 100 000 euros de trésorerie excédentaire. Son dirigeant part à la retraite après la vente.
- Si le dirigeant se verse 100 000 euros de dividendes, il va payer 30% de flat tax, soit 30 000 euros.
- Si le dirigeant vend l’entreprise avec ses 100 000 euros de trésorerie excédentaire, comme il bénéficie de l’abattement de 500 000 euros, il n’aura à payer sur ce montant que 17,3% de CSG-CRDS.
Cet exemple basique mais efficace nous montre comme le dirigeant va ainsi économiser 12,7% de fiscalité !
Et ce n’est jamais qu’une possibilité parmi tant d’autres, raison pour laquelle cela vaut vraiment le « coût » de se poser ces questions en amont de la vente de l’entreprise, avec son expert-comptable si c’est un sujet qu’il maîtrise bien, ou avec un avocat fiscaliste.
Pour plus de détail sur le sujet, retrouvez notre article à propos de la fiscalité de la cession d’entreprise.
Voilà, nous espérons que cet article vous permettra d’y voir plus clair si le sujet de la trésorerie excédentaire dans le cadre de la cession d’une entreprise.
Spécialistes de la cession d’entreprise, nous accompagnons et conseillons les chef(fe)s d’entreprise dans leurs projets de cession ou d’acquisition.