Céder son entreprise en 2024
Il n’est pas nécessaire d’être économiste en chef de la BCE pour se rendre compte que, a priori, 2024 ne sera pas le contexte économique idéal pour vendre son entreprise… mais certains en tireront malgré tout leur épingle du jeu.
En effet, le contexte de fin 2023 n’augure pas le meilleur pour l’année 2024 : les taux d’intérêt sont élevés, le contexte économique national et international n’est pas au beau fixe, sans parler de la guerre russo-ukrainienne ou du conflit israélo-palestinien… Deux aspects seront notamment impactés : le prix de vente de l’entreprise et la cessibilité de l’entreprise.
Cela dit, il y a toujours des acquéreurs en recherche d’une nouvelle vie (repreneurs individuels) ou de leviers de croissance ou de synergies (entreprises visant de la croissance externe).
- L’impact des taux d’intérêt sur le prix de vente
- Le resserrement des conditions d’octroi de crédits aux entreprises
- Divers profils d’acquéreurs en lice
- Est-ce le bon moment pour vendre ?
L’impact des taux d’intérêt sur le prix de vente
Le crédit coûte plus cher qu’il y a deux ans, ce qui signifie que, pour une même annuité, on emprunte moins. Ainsi, on paie moins cher son acquisition, car s’il y a une chose qui n’est pas flexible, c’est la capacité de remboursement de l’entreprise (à l’instant T, bien sûr).
Par exemple, votre entreprise génère une rentabilité lui donnant la capacité de rembourser une annuité de 150 k€.
En avril 2022, un acquéreur pouvait, grâce à cela, emprunter 1 M€ sur 7 ans avec un TAEG de 1,35 % assurance incluse. Avec un apport de 200 k€, il était donc en mesure de vous en proposer 1,2 M€ pour l’acquisition des parts de votre entreprise.
Début 2024, il aura probablement un TAEG de 5% (assurance incluse), lui permettant d’emprunter 880 k€ en sus de son apport de 200 k€. Ainsi, toutes choses étant égales par ailleurs, un acquéreur vous proposera en toute bonne foi 120 k€ de moins en 2024 qu’il y a deux ans.
C’est triste, mais c’est une réalité. Certains diront : « Dans ces conditions, autant attendre ! », et c’est l’une des options possibles. Mais il faut garder en tête un point, c’est que si personne ne sait quand et si nous reviendrons à des taux d’intérêt aussi bas, la plupart des experts sont sceptiques sur le sujet, et si cela arrive un jour, ce n’est pas dans les années qui viennent.
Par ailleurs, si l’on regarde l’évolution des taux des 30 dernières années, nous avons vécu une période exceptionnelle ; jamais les taux n’ont été aussi bas. Prendre une période exceptionnelle comme référence pour fonder ses attentes en termes de conditions de vente, c’est se destiner à bien des déceptions…
Une bonne nouvelle néanmoins, c’est que depuis début novembre 2023, les taux d’intérêt obligataires des États ont connu un recul très marqué : ceux à dix ans de la France sont passés de 3,5 % à 2,7 %, et dans le quotidien des banques, le pic de la hausse des taux d’intérêt semble être derrière nous.
Le resserrement des conditions d’octroi de crédits aux entreprises
Au-delà de proposer des taux d’intérêt bien supérieurs à ce qu’ils étaient, les banques sont beaucoup plus exigeantes dans leurs conditions d’octroi de prêts aux entreprises ou repreneurs, et notamment dans le cadre d’opérations d’acquisition. Cette tendance influence directement les conditions de vente d’une entreprise en 2024.
Plusieurs raisons à cela :
- Les banques ont des obligations réglementaires en termes de rapports fonds propres / encours de crédits. Ayant prêté beaucoup ces dernières années, elles ont des encours significatifs, limitant leur capacité à prêter.
- Le contexte économique global et le retour à la réalité pour certaines entreprises (il faut rembourser le PGE) rendent les banques beaucoup plus frileuses et exigeantes de manière générale, y compris dans le cadre de la vente d’une entreprise.
- Les taux étant plus élevés, elles resserrent d’autant plus leurs conditions d’octroi, craignant que les performances des entreprises ne diminuent dans les mois à venir.
Ainsi, en 2024, il devient plus compliqué pour les acquéreurs d’obtenir leur emprunt visant à acheter l’entreprise qu’ils visent. Cette dynamique complexifie le marché des acquisitions en 2024 et a un impact sur les opportunités de cession d’entreprise cette année.
Divers profils d’acquéreurs en lice
La perspective pour l’année 2024 semble prometteuse pour la vente d’entreprises. Une bonne nouvelle dans tout cela est que de nombreux dirigeants, qui auraient pu profiter des « effets d’aubaine » lors des taux bas, n’envisagent pas la cession de leur entreprise dans le contexte actuel.
D’autres luttent pour redresser la rentabilité de leur entreprise, impactée par les trois dernières années, avant de considérer la vente de leur affaire.
Cette dynamique se traduit par une réelle chute du nombre d’entreprises en bonne santé financière disponibles sur le marché. Si votre structure est dans ce cas, vous aurez probablement l’intérêt de plus d’acquéreurs qui peinent à trouver des cibles pertinentes à leurs yeux.
Malgré cela, il existe une présence marquée de profils attentistes, qui sont à l’affut d’entreprises en difficulté, afin de les reprendre pour pas grand-chose. Bien que cette approche puisse être considérée comme « discutable », il faut néanmoins souligner que sans repreneurs prêts à prendre le risque, ces entreprises iraient au tapis, avec leurs dirigeants et salariés.
Quoi qu’il en soit, pour un dirigeant souhaitant vendre une entreprise en bonne santé financière, l’année 2024 offrira sans aucun doute des opportunités intéressantes.
Est-ce le bon moment pour vendre ?
Sans vouloir faire de démagogie, la réponse est au fond de vous. Si c’est le moment pour vous, en tant que personne et non en tant que chef d’entreprise, alors c’est le moment.
Comme dans toute situation, il est possible d’optimiser certains aspects du processus. Le principal reste d’avoir des objectifs cohérents et réalistes.
Si l’on cherche à maximiser le prix de vente immédiat de son entreprise et que l’on a aucune contrainte de temps, pour la plupart des dirigeants de PME, il peut être pertinent d’attendre un an ou deux, pour voir. Mais sans aucune garantie sur le fait que cela aura un effet positif sur le prix de vente.
Si l’on cherche à maximiser le prix de vente de son entreprise, un adossement industriel (vendre une partie de ses parts à un acteur plus gros) peut permettre de développer plus rapidement l’entreprise et ainsi d’en tirer une plus grosse plus-value à moyen terme.
Cependant, il ne faut pas oublier le facteur humain : si c’est le moment de vendre pour le dirigeant (nouveau projet de vie, santé, lassitude, …), mieux vaut parfois accepter de ne pas optimiser le prix de vente pour en optimiser l’impact personnel.
Les opportunités de cession d’entreprise en 2024 peuvent être influencées par l’acquisition d’entreprise en tant que stratégie, tout en tenant compte des perspectives économiques spécifiques à cette année.
Pour donner l’exemple malheureux d’un client de PME Partner : en janvier 2022, un prospect nous contacte car il envisage de céder son entreprise. Il nous missionne dans un premier temps pour réaliser une valorisation de l’entreprise dans l’hypothèse d’une vente à court terme. Cette valorisation ne lui convient pas, il décide donc de reporter la vente à plus tard.
Il revient vers nous en avril 2023, le contexte d’augmentation des taux n’est pas favorable, mais sa condition de santé se dégrade. Il décide malgré tout d’avancer sur la vente. Un accord est trouvé avec un acquéreur sur la base d’un prix inférieur à la valorisation initiale d’environ 25%, bien que supérieure à celles des autres candidats et cohérente par rapport au marché. Malheureusement, des événements imprévisibles mettent l’entreprise en grande difficulté, à tel point que, malgré le fait d’avoir trouvé un autre acquéreur prêt à reprendre l’entreprise en l’état, l’état de la trésorerie a amené le dirigeant à déposer le bilan sans pouvoir attendre un mois de plus que l’acquéreur réunisse les fonds pour prendre la suite.
Il ne s’agit pas ici de critiquer les choix d’un dirigeant, qui a eu son lot de malheurs, mais d’illustrer le fait que le projet personnel du dirigeant, son contexte personnel et humain, doivent être pris en compte. Comme on dit, « un tiens vaut mieux que deux tu l’auras ».
Spécialistes de la cession d’entreprise, nous accompagnons et conseillons les chef(fe)s d’entreprise dans leurs projets de cession ou d’acquisition.